TémoignagesLa scolarité en pédopsychiatrie il y a 20 ans

8 novembre 2016 0 commentaire témoignage pédopsychiatrie aiscobam

Voici un témoignage intéressant qui permet de se rendre compte des tous débuts de la scolarité à l'hôpital. 
Les choses ont bien évolué depuis.

«  Je suis descendue du train et je n’arrive pas à remonter dedans. La Vie défile devant moi et je vois les gens passer sans pouvoir aller avec eux » C’est ainsi que lucie, aujourd’hui âgée de 39 ans parle de sa maladie, l’anorexie, autour d’un café place Stanislas. 23 ans déjà où elle est passée dans le service Pédiatrique de l’hôpital pour enfants de Brabois, le service pédopsychiatrique étant rempli. C’était aussi les débuts de l’Aiscobam.

 «  52 jours d’hospitalisation dont 45 jours d’isolement, quel choc traumatique d’être séparée du jour au lendemain de sa famille et de ses amis : plus de téléphone, plus de courrier, pas de visite, pas de photo, comme si le choc était la condition de ta guérison. Je n’avais alors qu’une envie : sortir tout de suite ! Je me souviens de ma mère qui me disait : courage, tu auras bientôt droit à des cours Aiscobam ! » En effet, un contrat de poids est mis en place avec lucie. « Entrée à l’hôpital à un poids de 37 kgs, ma sortie avait été fixée à 52 kgs, la levée d’isolement à 50 kgs et le droit de recevoir des cours à 45 kgs. Ce fut alors le début d’un long moment d’attente de cours pour 200g près. Quel paradoxe ! On me dit de me détacher des questions de poids et en même temps, tout est fonction du poids ! »

« Et l’Aiscobam ? , je me souviens que les profs me faisaient cours dans un petit coin de la salle de repas, dans mon ressenti, c’était presque en catimini comme s’ils n’étaient pas forcément les bienvenus et que les cours m’étaient accordés à contre-coeur. Les cours ne semblaient à priori pas faire parti du protocole de soins. Les profs ? C’était les seules personnes que je voyais de la journée ; leur présence et leurs cours me ramenaient à la réalité, me rappelaient qu’il y avait une vie à l’extérieur et me permettait de m’y raccrocher. C’était les seuls qui s’occupaient de moi et de mon Avenir. Je ressentais une grande satisfaction à cela mais aussi un fort sentiment d’insécurité car les cours étaient non acquis,  un prétexte de menace permanente par rapport à mon poids. Je note dans mon cahier à l’époque : ce serait vraiment la pire des choses qu’ils pourraient faire, déjà que je n’ai plus du tout le moral. Si je n’ai plus les cours, ce n’est même plus la peine. »

 «  Je me souviens aussi que j’avais peur pour mon avenir scolaire et professionnel ; je n’ai pas eu l’occasion de m’interroger sur mon orientation ; j’ai fait ce que les profs et les parents m’ont dit de faire » «  ceci étant, L’AISCOBAM puis les profs du lycée m’ont aidé à avoir mon bac mention Bien. » « D’après ce que j’ai entendu à l’assemblée générale, je suis contente de savoir aujourd’hui que les cours sont désormais intégrés dans le projet de soins des patients et leur accès plus rapide (au bout de 2 kgs repris au lieu de 8 kgs pour moi). Malheureusement,  pour d’autres aspects, dans le service, rien ne semble avoir changé. »

« Pour finir, je voudrais remercier les professeurs qui s’investissent bénévolement dans cette association et en particulier, ceux du début dont leur action et leur présence me furent précieuses. J’invite sans hésiter, d’autres patient(e)s à témoigner, une façon comme une autre de faire avancer les choses. »

Témoignage rédigé par LLCJ

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